Suite au compte rendu de l’audition au Sénat de la Fédération Française de la Généalogie, des sociétés Filae et Geneanet et de DNA PASS pour la légalisation des tests de généalogie génétique, voici la troisième partie de l’argumentaire que j’avais préparé.

  1. Un test de généalogie génétique n’est pas un test génétique médical
  2. 67 millions de généalogistes en France
  3. L’identité génétique française
  4. Le Droit aux origines
  5. Légalisons les tests de généalogie génétique en France

Une étude de l’INED réalisée entre 2008 et 2009 sur les français avait posé la question aux enfants de deux parents immigrés sur leur sentiment d’appartenance. 94 % d’entre eux avaient répondus être français.

La France ne se limite pas à l’hexagone, de par notre passé colonial, de par l’étendue de notre territoire avec les DOM TOM avec nos compatriotes polynésiens, Kanaks, Bonis, mahorais, antillais, réunionnais, etc, de par l’histoire des migrations en Europe, des immigrés s’étant installés en France, « être français » englobe une réalité d’origines ethniques très diverses.

Toujours selon les statistiques de l’INED, 40 % des nouveau-nés entre 2006 et 2008 ont au moins un grand-parent immigré.

C’est un sujet que j’incarne, avec un père serbe et une mère créole réunionnaise. Par mes origines créoles, j’ai des ancêtres français de l’Hexagone, mais aussi européens, indiens, malgaches et africains, toutes ces origines présentes dans mon test de généalogie génétique.

Nous sommes une terre de métissage ethniques, le sentiment d’appartenance à la nation française s’effectuant par le partage de valeurs communes dont notre devise : Liberté Égalité Fraternité et la Déclaration universelle des Droits de l’homme en sont les symboles les plus prégnants. Des valeurs que l’on retrouve aussi dans la devise de l’Union européenne, dont la législation nous protège en interdisant la discrimination génétique ethnique et médicale, Unis dans la diversité.

Notre identité génétique ne constitue pas le fondement de notre identité, mais représente un élément constitutif éclairant l’Histoire de France d’un œil différent, ou pouvant partiellement réparer les injustices du passé.

Une de ses plus grandes injustices a été la mise en esclavage de populations étrangères dans les îles aujourd’hui partie des DOM TOM. Qu’ils soient venus d’Afrique, d’Inde, de Malaisie, de Madagascar, ils ont été soustraits à leur terre d’origine, à leurs familles, à leurs racines.

Cette infamie n’a cessé définitivement qu’en 1848. Mais les stigmates en demeurent présents encore aujourd’hui dans les populations.

La réalité de l’esclavage a consisté en une succession de ruptures. Parfois enlevés en famille, une fois arrivés sur l’île, ces familles étaient séparées, « vendues » à des propriétaires différents. Ils étaient rebaptisés par des prénoms issus de la bible et interdits d’avoir un nom de famille. Considérés comme des meubles, utilisés comme un cheptel, les enfants étaient séparés de leur mère et vendus, les familles disséminées.

Les ethnies étaient mélangées dans les groupes d’esclaves, afin d’empêcher la communication entre eux, parlant des langues différentes, et ainsi éviter les complots et révoltes des esclaves supérieurs en nombre.

L’identité de ces populations initialement originaires d’ethnies différentes de celles présentes sur l’Hexagone, a été niée. Sur les recensements, et dans les documents administratifs, ils ont été réduits aux termes de « négre » et « négresse », « caffre » ou « caffrine » alors que le continent africain compte plus de 2 000 ethnies différentes.

En 1848, les anciens ayant enfin acquis leur liberté, mis en esclavages depuis 3, 4, 5 générations, avaient perdus tout contact avec leurs origines. Un nom de famille aléatoire, vide de sens, leur a été imposé, issu de noms géographiques, anatomiques, parfois de termes injurieux et infamants, de prénoms, ou même la reprise du nom de famille de leurs anciens propriétaires tel, maintenant un lien permanent avec leur ancien propriétaire et leur statut d’esclave.

Une autre grande injustice aura perduré avec l’histoire de la vie des esclaves. L’Histoire aura été déformée, réécrite, pour justifier des actions inexcusables.

Jules César aura été le premier grand auteur de propagande avec son Histoire des Gaules. Présentant les gaulois comme des guerriers sanguinaires effectuant des sacrifices humains, tout cela pour justifier l’invasion de la Gaule par la civilisation romaine, « rendant service » à ces populations. Il faudra attendre les historiens du 19e siècle pour commencer à rectifier cette vision de plus de 1O siècles, et rétablir les gaulois comme étant une civilisation à part entière.

Pour les esclaves, le travail de désinformation aura été le même. Pour justifier la mise en esclavage d’autres êtres humains, il fallait faire preuve de propagande en leurs niant les caractéristiques des êtres humains, en les présentant comme des « bêtes » à qui la civilisation occidentale « rendait service » en les éduquant.

Cette histoire officielle, cette propagande, édictée par les puissants ne correspond pas à la réalité sociologique et historiques, n’ayant pu hélas s’exprimer. Car seuls les livres demeurent, et les livres sont l’expression de ceux sachant écrire, d’une classe dominante minoritaire souhaitant diffuser une propagande mensongère.

La généalogie génétique constitue une chance unique pour les descendants d’esclaves, dont je fais partie, de retracer leur histoire avant l’esclavage, pendant l’esclavage et après l’esclavage. Identifier les origines ethniques précises des ancêtres, mais aussi reconstituer les liens familiaux disséminés par l’esclavage et dont l’État civil n’aura pas rendu compte. Parmi mes ancêtres, les frères et sœurs portaient des noms de famille différents, voire en changeaient au cours de leur vie. Difficile de reconstituer les liens familiaux dans ce contexte, et de savoir si la personne présente sur les actes comme témoin est un ami ou un frère.

Rectifier la réalité historique par la génétique, nous en avons un exemple flagrant avec le président Jefferson aux États-Unis, ancien gouverneur de Virginie, fervent défenseur d’un ségrégationnisme racial basé sur la supériorité de la race blanche. Les analyses génétiques ont prouvé que ce veuf avait vécu une liaison stable avec une esclave, dont 6 enfants seraient nés.

Entre le discours officiel destiné à justifier un esclavage nécessaire à l’économie des plus riches, la réalité sociologique différait puisque des Blancs puissants créaient des familles avec des esclaves, leur reconnaissant ainsi le statut d’être humain à égalité.

Nous avons aussi notre « Président Jefferson » avec Louis XIV et la Mauresse de Moret. DNA PASS espère bien pouvoir mener à bien un projet de documentaire sur le sujet.

Toute une histoire peut être reconstituée, histoire individuelle des descendants d’esclaves, de liaisons cachées avec des Blancs, d’enfants issus de ce métissage l’ignorant, ne pouvant le transmettre officiellement, mais aussi l’Histoire de l’esclavage dans toute sa réalité génétique différente des propos officiels.

Dans sa quête d’identité, le descendant d’esclave peut aussi grâce aux tests de généalogie génétiques se raccrocher à ses origines ethniques perdues.

  1. Un test de généalogie génétique n’est pas un test génétique médical
  2. 67 millions de généalogistes en France
  3. L’identité génétique française
  4. Le Droit aux origines
  5. Légalisons les tests de généalogie génétique en France