Lorsqu’Alice Collins Plebuch effectua un test ADN pour s’amuser, elle ne s’attendait pas à ce que les résultats du test bouleverse sa vie. A 64 ans, elle se découvrit pour moitié des origines ashkénazes et d’Europe de l’Est au lieu d’une origine 100 % irlandaise. S’ensuivit une enquête de plusieurs années afin de lever le voile sur ce mystère. La réalité inattendue bouleversa sa famille, et lui a ouvert les portes d’une seconde famille.
Surprise génétique : le test ADN révèle des origines inattendues
Lorsqu’un adopté fait un test génétique pour retrouver sa famille biologique, il s’attend à découvrir des origines inattendues. Lorsque l’on soupçonne une ascendance illégitime, on est préparé à découvrir des résultats génétiques inattendus. Mais lorsque l’on connaît avec certitude ses origines familiales, découvrir une autre réalité peut bouleverser votre vie. Cette surprise génétique, Alice Collins Plebuch l’a vécue à 64 ans.
Lorsqu’elle effectua un test génétique pour s’amuser, elle ne s’attendait pas à ce que les résultats lui révèlent des origines pour moitié irlandaises et pour moitié juives ashkénazes. Comment était-ce possible alors que ses deux parents étaient de souches purement irlandaises, et oh combien fiers de leurs origines.
La première réaction d’Alice fut d’envisager une erreur du laboratoire génétique. Puis, devant la froide réalité des chiffres, elle s’interrogea sur sa mère. Aurait-elle eu une liaison adultérine ? Ses deux parents étant décédés, elle ne pouvait qu’effectuer un travail de détective afin de découvrir la vérité.
Les laboratoires vous fournissent les résultats des tests, mais ne vous accompagnent pas dans l’analyse et l’explication de surprises génétiques telle que vécue par Alice. Retraitée de l’Université de Californie, Alice avait géré toute sa vie des projets informatiques nécessitant un niveau d’analyse poussé. Ces qualités allaient l’aider dans son travail de détective.
Une multitude de tests génétiques pour trouver la vérité
Après avoir effectué son test génétique chez Ancestry.com, elle commanda deux nouveaux tests génétiques auprès de 23andMe. Elle se fit de nouveau tester, mais cette fois avec sa soeur, Gerry Collins Wiggins.
En attendant les résultats, Alice passa en revue l’histoire familiale. La rupture d’origines irlandaises pouvait provenir du côté de son père. Né en 1913, il était encore bébé lorsque sa mère décéda. Son père, un docker nommé John Collins, ne pouvait pas prendre en charge ses trois enfants. Ceux-ci furent placés en orphelinat en 1914. John Collins décéda peu après.
Alice Collins Plebuch se documenta, se forma à la généalogie génétique. Les résultats de 23andMe lui étaient parvenus. Sa sœur et elle disposaient des mêmes gènes, pour moitié irlandais et pour moitié d’Europe de l’Est. Elle découvrit qu’un de ses frères avait aussi réalisé un test génétique. Les trois résultats concordaient, en attribuant pour moitié une origine de Biélorussie, Russie, Ukraine et Lituanie.
Afin de savoir de quel côté provenait cette ascendance inattendue, Alice convainquit deux de ses cousins de se faire tester. En comparant les résultats du neveu de sa mère et du neveu de son père, Alice comptait bien déterminer la branche familiale ashkénaze. Elle n’eut cependant pas à attendre les résultats de ses cousins pour découvrir la vérité.
Le chromosome X dévoile la branche familiale ashkénaze
En parcourant le « chromosome browser » entre ses chromosomes et ceux de son frère, Alice découvrit que le chromosome X de son frère ne contenait aucune origine ethnique ashkénaze. Or, les hommes n’héritent que d’un seul chromosome X, celui de leur mère. Les femmes héritent de deux chromosomes X, un de leur mère et l’autre de leur père. Un des deux chromosomes X d’Alice était d’origine ashkénaze. Il provenait donc du père d’Alice.
Ce mystère commençait à obséder la famille. Comment était-il possible que leur père, fervent catholique irlandais, ait été en fait ashkénaze ? Les grands parents Collins étaient-ils juifs irlandais ? Le savaient-ils ?
Les résultats génétiques de leurs deux cousins allaient apporter un éclairage nouveau sur ce mystère génétique.
Si le neveu de sa mère partageait bien environ 12,5 % de gènes communs, le neveu de son père ne partageait aucun gène avec la famille Collins. Le cousin d’Alice n’était pas son cousin génétique, la sœur de son père n’était pas la sœur génétique de son père.
Alice va-t-elle perdre son cousin ?
Cette découverte bouleversa Alice. Elle avait le sentiment d’avoir perdu la moitié de sa famille. Comment allait réagir son cousin en découvrant qu’ils n’étaient pas de la même famille ? Celui-ci la rassura bien vite, elle demeurait sa cousine quoiqu’il en soit. Au-delà, cependant, ce tsunami émotionnel remettait en cause son identité, celle de ses frères et sœurs. Qu’était-il arrivé pour que son père, Jim Collins, d’origine purement ashkénaze, ait été élevé par un inconnu ?
Pour Gerry, sa sœur, le mystère se levait. John Collins, son supposé grand-père paternel ne ressemblait à aucun membre de sa famille.
Alice et sa sœur envisagèrent plusieurs options. Se pouvait-il que Jim Collins, placé à l’orphelinat à 11 mois, ait été confondu avec un autre enfant ? A partir de la photo ci-contre de Jim Collins enfant et de photos de lui adulte, elle demanda à un artiste si l’évolution des traits physiques pouvaient correspondre.
Les proportions du visage entre la photo de Jim enfant et Jim adulte concordaient. L’enfant n’avait donc pas été échangé à l’orphelinat.
Retrouver une concordance avec les autres cousins génétiques d’origine ashkénaze était compliquée. Comme dans tout groupe ethnique, les multiples mariages entre membres du même groupe avec un nombre élevé d’implexes compliquait l’interprétation des résultats. Un cousin qualifié de génétiquement proche pouvait être généalogiquement éloigné.
Se pouvait-il alors qu’un échange ait eu lieu précédemment, à la maternité ? Le nom Collins avait-il été confondu avec le nom Cohen ? Alice contacta une Seymour Cohen, et lui paya le test ADN. Le résultat fut négatif comme toutes les autres recherches effectuées sur les registres de naissance de 1913.
La vérité découverte grâce au cousin d’Alice

Le certificat de naissance de Philip Benson, dont le nom a été mal orthographié en Bamson, portant le numéro 10942.
Au bout de trois ans de recherches, le voile sur les origines de la famille de Jim Collins fut levé de façon inattendue. Le cousin Collins, n’ayant aucun lien génétique avec Alice, se découvrit une cousine inconnue dans les résultats de 23andMe. Contactée, Jessica Benson révéla sa surprise avec les résultats fournis par le laboratoire génétique. Elle s’attendait à être davantage juive ashkénaze, et se découvrait des origines irlandaises. Alice la contacta et lui posa la question fatidique. Un membre de sa famille était-il né en 1913 ? Oui, répondit Jessica. Son grand-père Philip Benson était né en 1913.
Alice consulta les registres de naissance, et découvrit un Philip Bamson né le même jour que Jim Collins. Leurs deux certificats de naissance avaient été signés à la suite par le même médecin. Celui-ci n’avait pas seulement mal orthographié le nom de Philip Benson en Philip Bamson, mais visiblement interchangé par erreur les deux bébés.
Le vrai Jim Collins d’ascendance purement irlandaise avait été élevé par la famille Benson, et le petit Philip Benson d’origine ashkénaze avait rejoint une famille irlandaise.
Surprise génétique : le voile se lève

Philip Benson, à droite, en compagnie de sa première femme. En arrière plan, ses « parents » Ida Cott Benson et Sam Benson.
A 69 ans, Alice Collins Plubach se découvrit une nouvelle famille, et une cousine génétique, la fille de sa tante. Elles se rencontrèrent. Elles se ressemblaient tant qu’on aurait pu les prendre pour des sœurs. Et les souvenirs émergèrent avec les questions anodines lourdes de sens en connaissant la réalité. Comment Jim Collins était-il si petit comparé à ses frères et sœurs ? Il avait été mal nourri à l’orphelinat, et souffert de carences. Comment Philip Bamson était-il si grand par rapport à ses parents ? Il s’agissait de gènes récessifs. Avant de se marier, il dut prouver à ses futurs beaux parents suspicieux ses origines avec son certificat de naissance. Il ressemblait si peu à un ashkénaze…
Plusieurs membres des deux familles se sont retrouvés lors d’une croisière. Les deux familles génétiques se sont découvert incroyablement à l’aise pour des étrangers.
Alice Collins Plebuch tente désormais de faire rectifier les certificats de naissance des deux hommes échangés à leur naissance.
Cette longue enquête a bouleversé son identité et ses certitudes. Et son père, Jim Collins, était-il juif ashkénaze car né d’une famille ashkénaze ou irlandais car élevé comme tel ? Alice pense que son père, si fier de ses origines irlandaises, aurait été bouleversé de découvrir la vérité. Il aurait perdu son identité.
Pas d’amertume pour Alice. La technologie moderne de l’analyse ADN a permis de rectifier une erreur ancienne.
Qui suis-je vraiment ? Quand un test ADN ébranle un arbre généalogique. L’OBS avec Rue89. 13 août 2017.
Who was she? A DNA test only opened new mysteries. The Washington Post. 27 juillet 2017
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