Les nés d’un don de gamètes ou d’ovocytes se regroupent pour demander à connaître l’identité de leur parent biologique. Ce droit à connaître ses origines est régulièrement bafoué en France. Il n’existe aucune obligation d’informer l’enfant, devenu adulte, de son mode de conception. Aujourd’hui, la majorité des nés d’un don de sperme ignorent tout simplement l’être. Quelles conséquences au niveau médical, éthique et juridique pour l’état français ?
Stérilité, un secret de famille
Les progrès médicaux génèrent des questionnements éthiques en constante évolution. Les implications des décisions du passé peuvent être remises en cause des décennies plus tard, à la lueur des nouvelles connaissances. Ainsi en est-il du don de gamètes ou don d’ovocytes permettant la procréation généralement lorsque l’un des membres du couple est stérile.
La stérilité d’un des membres du couple relève de l’intime, et nous pouvons comprendre que le couple ne souhaite pas l’exposer sur la place publique. Mais qu’en est-il pour l’enfant lui-même, issu pour partie d’un parent biologique inconnu ?
Dans les années 1970, avec l’essor de ces nouvelles techniques, seul l’avis des futurs parents a été privilégié. Les parents, seuls adultes concernés, ont décidé de dire, ou pas, à leur enfant la vérité.
Et dans l’immense majorité des cas, l’enfant n’en a pas été informé. Sur les 80 000 enfants, aujourd’hui adultes, conçus ainsi, environ 70 000 de ces adultes ne connaitraient pas leur mode de conception.
Que cela relève de la volonté de ne pas créer des doutes quant à la filiation, d’être une famille « comme les autres », les conséquences réelles et concrètes dangereuses ne sauraient être négligées.
Un secret dangereux : les antécédents médicaux
Je ne retiendrai qu’un seul paramètre : les antécédents médicaux.
Pour n’importe quelle consultation médicale, parmi les premières questions posées par un médecin, les antécédents médicaux familiaux sont demandés. Nous savons tous que nous héritons biologiquement des forces et faiblesses de nos ancêtres. Le cumul d’antécédents conjoints des deux côtés de la famille seront à surveiller, certaines maladies sont héréditaires, etc
Du diabète du côté du père, du cholestérol du côté de la mère, des cancers ou maladies chromiques héréditaires, des risques d’AVC, autant d’éléments d’informations dont votre médecin tiendra compte dans le futur au vu de vos symptômes ou pour simplement une meilleure hygiène de vie.
Qu’en est-il pour un adulte, né d’un don de sperme ou d’ovocyte ? Il va répondre en toute bonne foi avec des informations fausses, puisqu’il se référera à la santé des seuls parents qu’il connait, et dont au moins l’un des deux n’est pas biologiquement son parent.
Et il en sera de même pour ses enfants, ses petits-enfants, etc, n’ayant pas accès aux véritables risques médicaux dont ils ont potentiellement hérités, avec la bénédiction des autorités médicales et de l’état français.
Car les parents n’ont aucune obligation de révéler à leur enfant qu’il est issu d’un autre parent biologique, aucun organisme officiel n’en informe à leur majorité l’enfant désormais adulte.
Et pour ceux informés, nombre de dossiers des donneurs ont été détruits et les informations sont désormais inaccessibles.
Pour reprendre les informations données par PMA Anonyme :
Il n’est pas à exclure que cet absence de suivi médical des donneurs de gamètes de la part des CECOS donne lieu à un contentieux juridique, notamment par le biais de la mise en jeu de la responsabilité de l’Etat, particulièrement si ce manque de suivi médical ou le défaut de transmission de ces informations médicales a causé un préjudice à la personne conçue par don.
Aucune commission déontologique ni éthique ne s’est aujourd’hui penchée sur le sujet de la responsabilité des autorités médicales et du Ministère de la Santé et des Solidarités dans la mise en danger potentielle de la santé de ces adultes et de leurs enfants, ignorant eux-mêmes les dangers.
Pour ceux qui doutent de leurs origines, les tests génétiques demeurent le seul moyen de connaître la vérité, un moyen accessible facilement bien qu’illégal en France, pour pallier aux défauts de l’état français.