Nouvelle discipline apparue grâce à la démocratisation des tests génétiques dès l’an 2000, la généalogie génétique intéresse, passionne, parfois inquiète, porte à controverse. Quel rapport avec la généalogie classique ? Comment s’organise-t-elle ? En quoi consiste exactement la généalogie génétique ? Définition.
Comment se pratique la généalogie génétique ?
Un test génétique réalisé dans un laboratoire de généalogie génétique constitue la base de cette discipline. Plusieurs tests différents sont accessibles, le plus commun étant le test autosomal. Ce test permet de déterminer les origines ethniques mais aussi d’identifier les ancêtres communs, partagés avec des cousins génétiques, jusqu’à 8 générations précédentes.
L’analyse du chromosome Y, présent uniquement chez les hommes, permet d’identifier une lignée familiale masculine, jusqu’aux temps archéologiques.
Le test mitochondrial, présent chez les hommes et les femmes, permet d’identifier un ancêtre archéologique.
Selon les offres commerciales des laboratoires, certains tests peuvent être associés.
Le laboratoire de généalogie génétique permet de réaliser un/plusieurs test(s) mais surtout donner accès à une base de données des autres testés génétiques partageant des segments d’ADN (appelés matches ou correspondances) avec nous, étant donc des cousins génétiques avec un ou plusieurs ancêtres communs.
Les 4 principaux laboratoires sont, par ordre d’ancienneté du plus ancien au plus récent : FamilyTree DNA, Ancestry DNA, 23andMe et MyHeritage.
Généalogie classique et généalogie génétique
La généalogie classique se pratique à partir des actes de l’état civil ou des registres religieux. Afin de compléter ces recherches, les archives notariales peuvent être consultées, mais aussi tout document officiel ou pas, toutes traces écrites permettant de retracer la vie de ses ancêtres, des archives judiciaires aux registres cadastraux des propriétés. Un généalogiste devient très vite un historien local, historien du quotidien de ses ancêtres.
Pour ma part, j’appelle la généalogie classique, généalogie déclarative par opposition à la généalogie génétique permettant de déterminer tous les cousins biologiques (dans des limites temporelles évoquées) au-delà de nos frontières.
La pratique d’un test génétique va permettre de confirmer, compléter ou infirmer tout ou partie de l’arbre généalogique.
Confirmer l’arbre généalogique
En identifiant les correspondances génétiques comme étant des cousins généalogiques, le généalogiste génétique va confirmer les découvertes du généalogiste classique.
Compléter l’arbre généalogique
Toujours par l’identification des correspondances génétiques, le généalogiste va pouvoir retrouver des cousins généalogiques génétiques « perdus » notamment :
- identifier un/des père(s) naturel(s) non déclaré de sa généalogie
- retrouver des descendants inconnus de sa généalogie (immigration d’un ancêtre en France ou à l’étranger, remariage non connu, enfant inconnu d’un ancêtre, etc)
- identifier un ancêtre avec certitude (cas d’homonymes, ancêtre avec pseudonyme, changement d’identité d’un ancêtre français ou étranger, etc)
- pour les né(e)s sous X, nés d’un don de gamète ou adoptés, identifier la famille biologique (père et/ou mère)
Infirmer l’arbre généalogique
Généralement l’objet de fantasmes récurrents, les événements non filiatifs tels l’enfant né d’un adultère représentent une moyenne de 1 % dans les généalogies. Il peut aussi s’agir d’une adoption cachée, d’un enfant lié d’une liaison adultérine ou d’un enfant étranger biologiquement, d’un enfant issu d’un viol ou viol de guerre, mais aussi d’un échange de bébé comme cette américaine l’a découvert grâce à un test génétique.
Nos amis canadiens, ayant lancé depuis l’an 2000 une vaste étude incluant plus de 8 500 descendants de couples français, ont estimé à 0,5 % ces événements non filiatifs.
Si ce pourcentage est minime, le risque d’un événement non filiatif augmente au fil des générations. Ainsi, on estime que dans les 8 générations précédants, il y a un risque sur deux (très exactement 40 %) qu’un de vos ancêtres parmi les 255 ancêtres ne soit pas votre ancêtre biologique, incluant femmes et hommes.
Le généalogiste génétique
La promesse des laboratoires de généalogie génétique est souvent mirobolante : à partir du test génétique, votre arbre généalogique se « construira » tout seul, d’une part grâce à vos correspondances ADN, mais aussi et surtout grâce aux arbres généalogiques mis en ligne par vos cousins génétiques.
Ce service vous permettant de compléter votre arbre généalogique à partir des autres arbres est aussi disponible pour le généalogiste « classique », à supposer que l’on considère qu’un amoncellement de noms et de dates de naissance, mariage et décès constitue un travail généalogique. Comme tout généalogiste sérieux et passionné de longue date, cela ne saurait suffire.
Cette promesse commerciale des laboratoires a créé le fantasme d’une discipline indépendante intitulée généalogie génétique.
Or, la généalogie génétique est complémentaire et indissociable de la généalogie déclarative. Elle se base sur la généalogie classique pour pouvoir confirmer, ou pas, les données trouvées.
Un généalogiste génétique, sans arbre généalogiques des matches, ne peut rien faire et trouver !
Nombre de personnes s’étant fait testées n’ont pas ou peu de connaissance sur leur ascendance, il pourra vous arriver de faire l’arbre généalogique de votre correspondant génétique afin d’identifier l’ancêtre commun.
La généalogie génétique est aussi limitée dans le temps puisque le test autosomal ne permet d’identifier au mieux que les 8 générations précédentes (davantage en cas d’endogamie).
Ainsi que j’ai intitulé mon ouvrage, L’ADN, un outil généalogique, le généalogiste génétique est avant tout un généalogiste ayant acquis une spécialité supplémentaire, la généalogie génétique.
Les missions du généalogiste génétique
Cette discipline nécessite une maîtrise de la généalogie, des notions basiques de la génétique, des différentes offres commerciales et outils existants sur internet (ceux-ci évoluant, disparaissant ou de nouveaux outils apparaissant), un minimum de maîtrise d’excel.
Mission de conseil
Le généalogiste génétique doit bien cerner la recherche et besoins de son « client » afin de lui conseiller le(s) test(s) génétique(s) les plus adéquats en fonction des offres commerciales des laboratoires ainsi éventuellement que pour les d’autres membres de sa famille. Une bonne connaissance des différents laboratoires de généalogie génétique ainsi que de leur champs d’action est nécessaire.
Il doit informer sur les aspects déontologiques et veiller à la protection des données de son client dans les laboratoires étrangers.
Mission de réalisation
A partir de la délégation données par son client, le généalogiste génétique effectue le travail d’identification des ancêtres communs avec les correspondants génétiques et donc ethniques de toute l’ascendance ou d’une partie de l’ascendance selon la demande du client.
Le généalogiste pourra créer un ou des groupes surnames et les gérer pour son client.
La maîtrise des différents outils disponibles selon les laboratoires de généalogie génétique, mais aussi des outils extérieurs est indispensable.
Quoique rares, les demandes peuvent concerner l’aspect archéologique d’une ascendance sur lequel le généalogiste génétique devra pouvoir renseigner son client.
Mission pédagogique
Il doit informer sur les résultats obtenus en les contextualisant, notamment les résultats ethniques.
Mission de veille technologique et documentaire
Afin d’offrir le meilleur service à ses clients, le généalogiste génétique doit effectuer une veille documentaire importante correspondant à chacun de ses clients, dans le cadre évolutif permanent de cette discipline.
Généalogiste spécialisation génétique
J’espère que cet article vous aura éclairé sur la généalogie génétique. Comme toujours, je compte sur mes lecteurs avisés pour compléter cet article par leurs réflexions et suggestions. Cette définition du généalogiste génétique n’est pas exhaustive mais présente les éléments essentiels de cette nouvelle spécialisation.